Cuisson primitive
Par définition, une cuisson primitive reproduit les modalités de cuisson des pots en terre dans les conditions les plus simples, rudimentaires, comme ce qui se pratiquait il y a quelques siècles ou encore actuellement dans certaines régions d'Afrique notamment.
Elle peut se pratiquer en fosse, trou creusé dans le sol où sont déposés les oeuvres séchées, élaborées à partir de terres rustiques, solides et fortement chamottées.
Un lit de sciure, déchets verts, branchages accueille au fond de la fosse les pièces qui peuvent être protégées par quelques grosses pierres soigneusement placées. Elles serviront de piliers pour recevoir une première rangée de bûches de bois plutôt vert afin de protéger un maximum de temps les pièces de l'effondrement trop rapide du foyer.
Le bois posé au dessus de ce plancher "protecteur" peut être de diverses origines (bois de chauffage, charmine, bois de récupération, ...), l'important étant de le disposer de façon à ce que le feu progresse du haut vers le bas et produise une chaleur suffisamment forte (entre 600 et 800°). Les pièces en terre doivent être soumises au feu selon un temps assez long pour en assurer la cuisson (12h dans le cas de notre dernier feu), ce temps étant calculé à partir du moment où le feu atteint la fosse. Un chargement régulier du foyer est donc nécessaire pendant une dizaine d'heures.
Une protection avec de vieilles tôles métalliques est mise en place pendant la nuit afin de conserver une chaleur importante sur les pièces et de protéger la fosse en cas de pluie.
Après 24h, il est possible de commencer de retirer des braises afin de réduire la chaleur progressivement et limiter le temps d'attente de sortie des pièces. La prudence est de mise, car en théorie, il faut attendre le complet refroidissement du foyer qui n'intervient que plusieur jours après. L'opération de purge de la fosse mérite d'être contrôlée avec une sonde thermique afin de ne pas découvrir prématurément les oeuvres et éviter le choc thermique qui aggraverait le cas des pièces fragilisées.
Toutes ces précautions peuvent permettre d'envisager récupérer des oeuvres intactes, qu'il est encore possible de soumettre à un enfumage "personnalisé" au dernier moment.
Ce genre de cuisson est très intéressant, il permet de (re)découvrir les éléments fondamentaux de la fabrication d'oeuvres rustiques et révèle un vrai rapport avec le feu.
C'est une opération qui nécessite beaucoup d'énergie (quasiment 3 jours de travail quand les matériaux sont déjà disponibles sur place), une petite équipe bien soudée (3 ou 4 passionnés), un lieu propice (autorisation de faire un feu en plein air, absence de gêne pour le voisinage, protection contre le vent trop fort, ...).
Ce temps passé en plein air, ces partages entre passionnés et curieux au "coin du feu", les résultats surprenants constituent les ingrédients pour de très beaux moments et l'émergence d'une véritable motivation pour la terre et sa transformation. Avis aux amateurs !